Fermeture des points de passage : une autre facette de la punition collective et une crise sans fin
Date:
25 mars 2025
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Depuis plus de dix ans, le blocus imposé à la bande de Gaza a transformé les points de passage frontaliers en artères vitales pour ses deux millions d’habitants, piégés dans des conditions de vie insupportables. Chaque fermeture décrétée par les autorités israéliennes prive la population de ses dernières ressources, plongeant le territoire dans une pénurie dramatique de nourriture, de médicaments et de carburant, tout en paralysant toute activité économique et sociale.

Après une guerre dévastatrice et un an et demi de siège quasi total, l’ouverture temporaire des passages avait suscité un fragile espoir parmi les Gazaouis. Mais cet optimisme s’est rapidement évanoui face à la persistance des restrictions, utilisées comme une arme de punition collective. À l’approche du Ramadan, la crise humanitaire atteint son apogée.

L’impact sanitaire de la fermeture des points de passage :

Les hôpitaux de Gaza, déjà fragilisés par des années de blocus, sont aujourd’hui au bord de l’effondrement. Privés de médicaments et de matériel médical essentiel, ils ne parviennent plus à soigner les patients les plus vulnérables, notamment ceux atteints de cancer ou de maladies rénales, dont les traitements sont retardés ou même privés. 

De même, la pénurie de carburant a également paralysé les générateurs d’électricité, mettant en péril le fonctionnement des appareils de réanimation et des blocs opératoires. Les malades nécessitant une évacuation médicale urgente se voient refuser l’accès à l’étranger, condamnant un nombre considérable d’entre eux à une mort évitable. Le personnel soignant, malgré son dévouement, lutte quotidiennement pour accomplir sa mission dans des conditions compliquées voire désastreuses.

L’impact économique :

Le blocus a porté un coup fatal à l’économie de Gaza. Les usines, privées de matières premières, ont fermé les unes après les autres, entrainant des milliers de travailleurs dans le chômage. Avec un taux de chômage avoisinant les 90 %, des familles entières survivent grâce à une aide humanitaire aléatoire et insuffisante.

La pénurie des produits de première nécessité a provoqué une augmentation des prix, rendant l’accès à la nourriture, à l’eau et aux biens de base presque impossible pour une grande partie de la population. Cette stratégie d’étouffement économique transforme Gaza en une société entièrement dépendante de l’aide extérieure, tout en renforçant son isolement.

L’impact social et psychologique :

Les conséquences psychologiques du siège sont dévastatrices. Les restrictions permanentes sur les mouvements et l’approvisionnement ont plongé les habitants dans un état d’angoisse chronique. Les enfants, en particulier, développent des troubles anxieux face à l’instabilité et à la violence de leur environnement.

Les rapports des organisations humanitaires soulignent une hausse énorme des cas de dépression, alimentée par l’absence de perspectives et l’enfermement imposé. L’isolement croissant de Gaza, coupée du reste du monde, renforce le sentiment d’abandon et de désespoir au sein de la population.

L’impact sur l’éducation : une génération entière en crise

Le système éducatif, déjà fragilisé par les destructions massives lors de la dernière guerre, ne parvient pas à se reconstruire. Plus de 200 écoles ont été endommagées ou détruites, tandis que celles encore debout servent souvent d’abris aux familles déplacées.

Le manque de manuels scolaires, de fournitures et d’électricité perturbe gravement l’apprentissage. Les enfants, traumatisés par les bombardements et les déplacements, peinent à se concentrer, compromettant leur avenir. En parallèle, les enseignants, malgré leur résilience, sont démunis face à l’ampleur des besoins. Privé du droit à l’éducation, l’avenir d’une génération entière est en risque, malgré les efforts des organisations internationales et locales.

L’impact politique : un outil de domination et de négociation

La fermeture des points de passage n’est pas qu’une mesure sécuritaire : c’est aussi une arme politique. Elle permet d’exercer un chantage humanitaire sur la population, tout en servant de pression dans les négociations régionales, notamment avec l’Égypte et le Qatar.

En conditionnant l’acheminement de l’aide à des concessions politiques, Israël perpétue un cycle de dépendance et de fragilisation de Gaza, empêchant toute reconstruction durable et gardant délibérément la population de Gaza dans une précarité extrême.

Une étape vers la rupture du siège et la résolution des répercussions :

La situation à Gaza exige une réponse urgente de la communauté internationale. La réouverture permanente des points de passage et la fin du blocus sont des préalables indispensables pour sortir la population de l’enfermement et entamer une véritable reconstruction. Sans une pression internationale ferme, cette stratégie d’étouffement continuera de détruire des vies et des espoirs, jour après jour.

 

Sources:

À propos de l’auteur: 

Majd Sattoum : Diplômé en physiothérapie de l’Université Al-Azhar à Gaza.