Gaza la martyre : quelques perspectives d’avenir
Date:
8 janvier 2024
Thématique: 

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Tout d’abord je voudrais dire que les crimes sans précédent qu’a commis et que continue de commettre Israël à Gaza auront nécessairement d’importantes répercussions à l’avenir, si tant ait que le droit humanitaire international ait encore un avenir. Pour le dire plus précisément, ces exactions et ces crimes ont mis à nu la présomption – ou la doctrine – en vigueur depuis la Seconde Guerre mondiale, à savoir que la guerre est régie par des lois et des règles contraignantes qui s’imposent aux belligérants, et qui, en cas de violation, engagent leur responsabilité et les amènent à rendre des comptes.

Il est vrai que nombre de pays africains, et plus généralement de pays du Sud, estiment que cette obligation fait l’objet d’un deux poids deux mesures, et qu’elle est appréciée de manière sélective en fonction de considérations essentiellement politiques. Les crimes commis par Israël ont taillé en pièces ces lois de la guerre, et ce d’une manière totalement inédite qui ne laisse pour l’avenir que deux options.

La première option verrait le lancement d’une campagne internationale destinée à faire rendre des comptes à Israël, campagne à laquelle s’associeraient plusieurs pays et institutions du Nord et du Sud, en vue de sauver les lois de la guerre. L’idée serait d’éviter qu’on en revienne à un monde régi par la sauvagerie, celle qui a eu cours pendant les deux premières guerres mondiales. Cela évitera également qu’on renoue avec le déni d’humanité qu’a représenté l’Holocauste - étant préalablement admis que le concept de génocide ne concerne pas uniquement les juifs et les autres populations exterminées par les nazis, même si le mouvement sioniste s’efforce continuellement de s’en octroyer le monopole. La plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour pénale internationale représente un début d’application de cette approche.

L'autre option, serait l’effondrement complet du dispositif de droits et de devoirs institué par les lois de la guerre, et cela du fait qu’Israël n’a pas été obligé de rendre des comptes pour ses crimes, protégé qu’il était par un pays tiers, les Etats-Unis, qui est partie prenante à la guerre, ainsi que par ses vassaux européens. Dans ce cas, le monde reviendra à l’état de sauvagerie brute qui a cours aujourd’hui à Gaza, et qui deviendra la norme dans les guerres et les conflits variés que le monde connaîtra lorsqu’on lui aura lâché la bride. L’hypothèse selon laquelle les guerres sont encadrées par des lois et des règles exécutoires cédera le pas devant le fait que cet encadrement peut désormais être transgressé d’une façon aussi choquante qu’inédite sans qu’il y ait dissuasion ni sanction. Si cela devait arriver, telle aura été la contribution la plus significative d’Israël à la marche de l’humanité.

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Depuis que les leaders israéliens ont annoncé qu’ils allaient « éliminer le Hamas » dans la première semaine de la guerre contre Gaza, il était clair qu’ils allaient logiquement au-devant d’un problème : déterminer qui, à supposer même qu’ils parviennent à atteindre leurs objectifs, allait gouverner Gaza et prendre en charge ses affaires courantes. Mais la question qui primait pour eux était plutôt de savoir qui allait assurer « la sécurité d’Israël » – en d’autres termes, qui allait assumer la responsabilité de ces obus tirés sur Israël depuis Gaza, quels qu’en soient les auteurs, sachant que dans le passé celle-ci était systématiquement imputée au Hamas en tant que faction au pouvoir.

Une semaine environ après le 7 octobre, cette question a commencé à être posée également par les pays européens et par les États-Unis, et dans un second temps par la presse occidentale. Mais elle n’a reçu dans cette phase-là aucune réponse transparente, seulement des considérations contradictoires. Par exemple le ministre israélien de la Défense a déclaré qu’une autorité civile allait être mise en place, mais cette déclaration n’a guère trouvé d’écho en Occident où on savait pertinemment qu’il ne s’agissait que de paroles creuses n’expliquant en aucune façon d’où viendrait une telle autorité, et qui accepterait d’y participer après les exactions, les assassinats, les destructions et les crimes de guerre commis. Un peu plus tard, de nouvelles voix se sont fait entendre, celles des analystes de l’Institut d’études de la sécurité nationale affilié à l’université de Tel-Aviv, et celles de certains généraux israéliens en retraite, puis plus tard encore celle du chef du Conseil national de sécurité d’Israël, Tzachi Hanegbi. Toutes ces voix affirmaient que la solution idéale serait de remettre Gaza à l’Autorité palestinienne, sans que quiconque ne se soit apparemment demandé si cette dernière était prête à l’accepter. Or, la position de celle-ci a été claire dès le début de l’agression, à savoir qu’elle était disposée à jouer un rôle à Gaza, mais seulement dans le cadre d’une solution politique globale au conflit.

Anthony Blinken, le Secrétaire d’État américain, a effectué plusieurs déplacements dans la région afin de discuter du « jour d’après » avec un certain nombre de pays arabes, outre Israël et l’Autorité palestinienne. Plusieurs options ont été examinées, parmi lesquelles la présence d’une force arabe conjointe chargée de gérer Gaza, et cette force arabe serait par la suite remplacée par une autre, internationale, composée de soldats issus de différents pays d’Europe et d’Asie. Il était clair aux yeux des observateurs que ces discussions se solderaient par un échec, et cela d’abord parce qu’une telle force serait nécessairement prise pour cible par la résistance gazaouie dès lors que son objectif serait également de « faire respecter la sécurité d’Israël ».

Au début décembre 2023, les positions des uns et des autres ont évolué à la lumière des résultats obtenus par la résistance à Gaza, et l’objectif précédemment affirmé par le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à savoir l’élimination du Hamas, a été révisé pour devenir « le démantèlement de son infrastructure militaire ». Dans le même temps, il a réaffirmé qu’Israël continuerait à préserver sa sécurité, mais a maintenu son opposition à un retour au pouvoir de l’Autorité palestinienne à Gaza.

Quant aux États-Unis, il est devenu évident qu’ils voyaient dans le retour de l’Autorité palestinienne, pour autant qu’elle ait été préalablement remise sur pied et réformée, la solution la plus réaliste, pavant de surcroît le chemin de la future solution à deux États.

Cependant ce mantra, affirmé plus d’une fois par le président Biden comme une formule de langage obligatoire, n’a jamais abouti à une action sérieuse.

On n’est ainsi jamais allé jusqu’à exercer une pression effective sur Israël ou à condamner fermement le vol des terres et la colonisation en Cisjordanie, phénomènes qui ont mis à l’agonie, sinon tué définitivement, la solution à deux États (du moins dans la compréhension qu’en a la partie palestinienne).

Au milieu du troisième mois après l’agression, la position de Netanyahu s’est stabilisée sur ce qu’il avait déjà affirmé, à savoir qu’Israël conserverait la responsabilité sécuritaire, tout en s’efforçant de trouver des autorités locales au sein des « clans existants reconnus par le Shabak », selon les termes qu’il a utilisés, pour prendre en charge de responsabilité civile des habitants de Gaza.

Israël conserverait donc le contrôle sur les frontières et les points de passage, sur le littoral marin ainsi que sur l’espace électromagnétique – autrement dit, Gaza resterait occupée comme elle l’était précédemment. La souveraineté resterait dans les mains de l’État d’Israël, à ces différences près de la présence d’une autorité locale et de conseils de villages renouvelés, dégageant l’État occupant de sa responsabilité vis-à-vis des civils palestiniens de Gaza.

Les États-Unis ont clairement laissé entendre qu’ils désapprouvaient cette vue, puisqu’ils ont continué à insister sur ce qu’ils considéraient comme leur solution préférée, celle du retour de l’Autorité palestinienne, une fois réformée, en particulier dans ses appareils de sécurité, pour pouvoir garantir la sécurité d’Israël, à Gaza et pas seulement en Cisjordanie. Les États-Unis ont également abandonné l’idée de « l’élimination du Hamas », puisque le porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré dans une conférence de presse tenue le 03/01/2024 que le Hamas subsisterait, mais qu’il ne serait plus en situation de « menacer l’Etat d’Israël ».

Au stade où en sont les choses, il ne faudrait pas accorder une signification exagérée à la déclaration de John Kirby selon lequel le Hamas subsistera. Par exemple, on ne doit pas y voir un signal que les États-Unis accepteraient qu’il joue un rôle politique dans le cadre de leur représentation du « jour d’après », laquelle inclut une unification de l’autorité politique sur Gaza et en Cisjordanie. Cependant il est clair que cette question ouverte n’a pas non plus échappé à l’attention du Hamas. Pour preuve, celui-ci a dépêché, deux mois et demi après l’ouverture du conflit, une délégation conduite par Ismaïl Haniyeh au Caire en vue de négocier spécifiquement cette question avec les autorités égyptiennes. La négociation a abordé les questions à traiter impérativement dans l’hypothèse d’une unification des deux autorités, celle de Gaza et celle de la Cisjordanie. Ainsi, l’option d’une adhésion du Hamas – et peut-être aussi du Jihad islamique – à l’Organisation de libération de la Palestine a été envisagée, même si en toute vraisemblance le Hamas n’y exercera pas directement de rôle exécutif ; il pourrait par exemple se contenter – possibilité parmi d’autre – d’être représenté au sein du ministère de l’Unité. Quoi qu’il en soit, tout rôle politique du Hamas à l’avenir au sein de la direction palestinienne sera subordonné dans une large mesure à l’accord des États-Unis, et aussi en grande partie à celui d’Israël, dans le cadre de l’équilibre des forces entre ces différentes parties et l’Autorité palestinienne.

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Plusieurs paramètres contribueront à dessiner la physionomie du « jour d’après ». Il est clair en particulier que Netanyahu, et avec lui son ministre de la Défense et autres dirigeants de l’armée et des renseignements, ont un intérêt personnel à prolonger la guerre à Gaza sans lui assigner de date d’arrêt, afin que le bilan de l’opération leur permette, dans la mesure du possible, de sauver la face. C’est d’ailleurs ce qu’ils admettent pratiquement dans leurs différentes déclarations, y compris le fait que l’opération contre Gaza se poursuivra encore « de longs mois ». Autrement dit : le maintien de la « responsabilité sécuritaire » dans les mains d’Israël fait que cette opération restera en place sine die, quand bien même elle arborerait au cours du temps des formes différentes sur le terrain.

En dépit de la pression constante exercée par le président américain Biden pour raccourcir cette durée, du fait de l’isolement des États-Unis sur la scène internationale, ainsi que des protestations et des manifestations permanentes auxquelles ils ont à faire face sur le plan intérieur, l’administration américaine n’a pas osé jusqu’à présent utiliser les moyens de pression dont elle dispose pour imposer sa vision du « jour d’après ». Cela tient à plusieurs raisons, parmi lesquelles l’influence des lobbies sionistes sur les politiques mises en oeuvre par les administrations américaines successives, ou encore à l’application du principe « si ton frère est critiqué, défends-le qu’il soit l’oppresseur ou l’opprimé ». Il en résulte une politique consistant à ne jamais exercer de pression sur un gouvernement israélien de peur de créer un précédent susceptible d’être invoqué par la suite. Cela n’implique pas nécessairement que tous les courants, notamment celui qui a conspiré au coup d’État constitutionnel tenté par le gouvernement d’extrême-droite, ont approuvé la politique de l’ actuel gouvernement israélien.

Toutefois, une considération qui prime sur l’intérêt personnel aux yeux de Netanyahu, de ses généraux, de ses appareils de sécurité et de toutes les autres parties qui seront considérées comme responsables de l’événement survenu le 7 octobre, est celle qu’ont réitérée beaucoup de sionistes de base immédiatement après l’assaut. À les en croire, tant l’infiltration qui s’est produite que le grand nombre de prisonniers capturés leur ont donné l’impression qu’une « menace existentielle » pesait non seulement sur eux, mais aussi, plus généralement, sur tous les juifs d’Israël. Il s’agit évidemment, et cela justement parce qu’il émane de sionistes de base, d’un discours purement médiatique, et cela même s’ils parviennent à se convaincre eux-mêmes de son bien-fondé. C’est que les sionistes se sont habitués à monopoliser le rôle de la victime et à emprunter ce rôle dans toutes les guerres que l’état d’Israël a livrées, et à se faire représenter dans la propagande et dans toute leur communication vis-à-vis de l’extérieur comme une victime en danger. Pour cela, ils s’emploient sans relâche à exhumer l’Holocauste, de même que l’antisémitisme, qu’il soit passé au présent, virtuel ou réel. D’où La formule selon laquelle Israël a « le droit de se défendre », formule que ses soutiens ont répétée ad nauseam à la suite du 7 octobre, alors qu’on est dans le contexte d’un État qui occupe les territoires d’un autre peuple.

Si l’on se place maintenant du point de vue du leadership militaire, des renseignements et de l’autorité politique, l’expression « menace existentielle » dépasse de beaucoup le cadre des relations publiques et de la remémoration de l’Holocauste et de l’antisémitisme. C’est du reste ce qu’a clairement rappelé le ministre de la Défense, Yoav Galant, le 02/01/2024 quand il a affirmé – je cite son propos verbatim : « Sans une victoire claire, nous ne pourrons jamais vivre au Proche-Orient. » Ces propos sont lourds de sens, car du point de vue des dirigeants sionistes, ce qui s’est passé le 7 octobre est réellement une menace existentielle. Il s’agit en effet de la première incursion à travers le mur d’acier imaginé par Jabotinsky, et cela de la part de deux mouvements palestiniens dont les armes aussi bien que les capacités sont sans commune mesure avec celles d’Israël. À noter d’ailleurs que ce même Jabotinsky n’avait pas hésité naguère à décrire le projet sioniste en Palestine comme un projet colonial en milieu hostile (palestinien et arabe), justifiant d’élever des fortifications imprenables et de mobiliser les ressources militaires et sécuritaires nécessaires pour assurer le succès de l’entreprise coloniale sioniste dans ledit milieu hostile.

Ce n’est pas un hasard si la doctrine militaire israélienne s’est bâtie sur l’édification de l’armée la plus forte et des appareils de sécurité les plus puissants de la région, ainsi que sur un engagement dans des conflits et des guerres de plus ou moins grande envergure sur le territoire de l’adversaire. Ces confrontations étaient le plus souvent initiées par Israël, qui s’efforçait d’en limiter autant que possible la durée lorsqu’elle impliquaient la mobilisation des réservistes.

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C’est précisément ce « mur d’acier » qui s’est écroulé le 7 octobre, et avec lui toute l’épine dorsale de « l’armée de défense » et des appareils sécuritaires, ainsi que leur réputation d’invincibilité. C’est là que réside bel et bien la menace existentielle, et cela bien que les États-Unis aient proclamé à plusieurs reprises, par la voix de leur président Joe Biden, leur opposition à la réoccupation de Gaza par Israël. Cette position a été réitérée dans nombre de rencontres avec les médias organisées par le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, où on a fait valoir que le système de gouvernement de l’enclave devait impérativement « se conformer aux aspirations des Palestiniens ». Dans le même temps, les États-Unis ne semblent pas opposés à ce qu’Israël conserve sa « responsabilité sécuritaire » sur Gaza. C’est d’ailleurs le modèle qui est en place en Cisjordanie depuis le début du processus d’Oslo, et les États-Unis ne se sont jamais opposés à la violation par Israël de cet accord qui stipule la responsabilité sécuritaire exclusive de l’Autorité palestinienne sur les territoires classés en zone A – au contraire, ils ont reproché à l’Autorité palestinienne d’avoir failli à endosser cette responsabilité pour le compte d’Israël.

Il est à remarquer que dans leur argumentaire pour justifier leur opposition à la réoccupation de la bande de Gaza, les États-Unis se réfèrent toujours aux « aspirations des Palestiniens » et non aux « droits des Palestiniens ». Cela signifie qu’ils ne reconnaissent pas le principe du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, lequel peut se décliner en plusieurs types de structures ou d’organisations politiques, y compris celle d’un État indépendant et souverain.

Israël sait pertinemment qu’il ne pourra jamais compter véritablement sur une force palestinienne qui serait mise en place et entraînée spécialement pour maintenir sa « sécurité », selon la vision américaine, et cela à supposer même qu’on trouve quelqu’un de disposé à assumer cette mission. Donc l’armée d’occupation va continuer à jouer ce rôle pour une période indéterminée, peut-être plusieurs années encore, et ce d’autant que Netanyahu a annoncé que Gaza serait démilitarisée. Or, l’enclave est remplie d’armes et, même s’il n’y en avait pas, il serait possible d’en obtenir comme c’est le cas en Cisjordanie occupée. Cela sans compter les milliers de jeunes qui ont connu la mort des leurs – famille, êtres chers, amis –, et qui à l’avenir chercheront vraisemblablement à se venger de toutes les manières possibles.

Il est également probable qu’Israël cherchera à expulser le plus grand nombre possible de Gazaouis, sachant que leur nombre dans la diaspora atteint déjà presque 2 millions d’âmes, et que des efforts sont actuellement en cours pour trouver des pays disposés à accueillir les migrants palestiniens dans le cadre d’un programme d’ « émigration volontaire ».

Quant au processus politique que le président Biden a évoqué plus d’une fois, il ne devrait connaître aucun développement en cette année d’élections présidentielles aux États-Unis. Même si Biden gagnait ces élections, il n’est pas clair qu’il aura la volonté politique nécessaire pour le pousser avec toute l’énergie requise - sachant qu’il se heurterait potentiellement à une forte opposition sioniste - ni à en faire une de ses priorités, particulièrement si la position arabe officielle reste aussi peu proactive qu’elle l’est aujourd’hui. À l’inverse, le mouvement de boycott et de désinvestissement mondial connaîtra un regain de dynamisme du fait des crimes commis à Gaza, et nous allons nous retrouver dans une nouvelle étape de conflit, une génération succédant à la précédente.

Traduit de l'arabe par Khaled Osman

À propos de l’auteur: 

George J. Giacaman enseigne en tant que professeur dans deux programmes de magistère, Démocratie et droits de l’homme et Études arabes contemporaines, ainsi que dans le Cercle de philosophie et d’études culturelles de l’université de Bir Zeit. Il a occupé précédemment dans la même université le poste de doyen de la Faculté de littérature et de doyen fondateur de la Faculté des hautes études Il est écrivain et analyste politique dans diverses revues et médias palestiniens, arabes et internationaux.

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