Sayyâb, Lorca : une lecture croisée
Abstract: 

"Quant à Sayyâb, les images agissent chez lui par grappes, chacune visant parfois plus d’un but et réalisant de multiples effets. "Le loup couvre son humain", écrit-il en évoquant les dames de la haute bourgeoisie portant des manteaux de fourrure et se livrant à la médisance pratiquée comme un sport national : par-delà l’origine animale de la parure, il stigmatise l’esprit mondain, arrogant et rapace, se nourrissant du sang réel et mental d’autrui. Ou bien, dans Chanson de la pluie, poème écrit lors de son exil dans le Golfe :
"Tes yeux sont deux palmeraies à l’aurore Ou deux balcons dont va s’éloignant la lune" : en même temps que la désolation des yeux décrits, c’est la sienne propre que le poète distille. Selon un mouvement connu de tout exilé et de tout lecteur de Perse et d’Ungaretti, mouvement si bien analysé par Georges Poulet dans ses Études sur le temps humain, le poète sent s’éloigner de lui le pays dont, en vérité, c’est lui-même qui se trouve forcé de s’éloigner."