“Les principaux quotidiens israéliens, comme les médias audiovisuels, ont tous dépêché à Madrid plusieurs envoyés spéciaux, reporters, commentateurs et éditorialistes pendant la conférence de paix, 151 journalistes au total. Au cours des semaines qui ont précédé l’ouverture de la conférence, la presse israélienne était généralement sceptique et parfois pessimiste quant aux chances de succès de cet événement et du processus de paix en général. Le 30 octobre, le quotidien <i>Yediot Aharonot</i>, plus fort tirage du pays, titrait « L’espoir et l’inquiétude », sous une manchette colorée reproduisant les drapeaux israélien, jordanien, syrien, libanais et égyptien. Le drapeau palestinien, interdit de reproduction (sauf lorsqu’il est « en situation »), était absent. On le trouvait cependant, et en pleine page, déployé par un enfant dans le supplément photographique spécial offert le 1er novembre par <i>Maariv</i>, le second titre du pays. Entre-temps, la satisfaction de voir s’ouvrir des négociations entre Israël et des Etats arabes, ainsi que la performance médiatique et politique de la délégation palestinienne avaient déjà donné lieu à d’innombrables articles où des expressions telles que « la transgression des tabous », « le chemin parcouru » ou « l’écroulement des mythes » revenaient, tels des leitmotivs, sous les plumes de journalistes habituellement moins unanimes. L’opposition à la tenue de la conférence et à la participation israélienne était marginale, elle n’est apparue que dans les tribunes libres offertes à quelques personnalités d’extrême droite. Après les premières rencontres bilatérales du 3 novembre, la plupart des commentateurs estiment que la conférence a été un succès et qu’elle pourrait être suivie d’un processus porteur d’espoir pour les peuples de la région. Les discours de Yitzhak Shamir ont été plébiscités, même par certains de ses détracteurs traditionnels les plus acharnés qui croient y déceler des signes d’assouplissement, et rares sont ceux qui mettent en doute la sincérité des Palestiniens dans leur participation au processus. Surtout, la volonté américaine d’arriver à des résultats concrets n’est quasiment plus mise en doute et la « méthode Baker », largement décriée à la veille de l’ouverture des négociations, semble être mieux acceptée dès lors qu’elle a porté ses fruits. Il convient également de noter que la télévision et la radio israéliennes, toutes deux étroitement contrôlées par le gouvernement, ont longuement émis en direct depuis Madrid pendant la durée de la conférence et que les tendances générales de la presse écrite n’étaient pas très éloignées du ton et des analyses de radio et de télévision. Ainsi, les délégués palestiniens ont été longuement présentés et interviewés sur les ondes et les écrans israéliens, le présentateur vedette du journal télévisé Haïm Yavin n’hésitant pas, dès le 29 octobre, à parler de « renaissance palestinienne » en commentant la première conférence de presse des porte-parole palestiniens.”