Beaucoup de gens, sans doute, restent très sceptiques devant le nouveau visage du Hamas ; ils suspectent un stratagème de celui-ci pour obtenir le pouvoir, ils le suspectent de dissimuler ses véritables intentions. Certes, l’importance décroissante accordée à l’islam, révélée par les trois documents, peut être considérée, au moins en partie, sous l’angle de préoccupations électorales (et post-électorales). Le Hamas désirerait se présenter comme un mouvement islamiste modéré, digne de la confiance à la fois des Palestiniens religieux et des Palestiniens laïques, non seulement en raison du contenu intrinsèque de son programme mais aussi en raison de sa tentative pour dépasser ses propres conceptions partisanes. Mais il est également vrai que le «nouveau» discours, dont le contenu religieux s’est réduit – pour ne rien dire du contenu politique qui, lui, est devenu plus pragmatique et plus souple –, reflète de véritables changements cumulatifs dans le Hamas. De plus, si cette évolution a été principalement due aux classes moyennes (technocrates et élite occidentalisée), avec quelques-uns des éléments les plus orthodoxes émettant des réserves sur la plateforme du mouvement, «trop laxiste et à demi-laïque» à leur goût, il n’y a pas eu de désaccord apparent à propos de la nouvelle direction, laquelle a été acceptée et défendue par tous les membres du mouvement.